Des rayons, des babioles, des fringues, des comics, des galeries, partout, tout autour, le rêve ! Oui, car on ne peut pas s'appeler Beth Austin et détester le shopping, les deux sont indivisibles. Sauf que cette fois ce n'était ni seule ni pour elle qu'elle dépensait de l'argent. Ni pour s'acheter un joli décoleté ou une jolie robe, ni pour refaire sa collection de vernis, ni même pour acheter le dernier livre d'histoire sorti au rayon des deux grandes guerres ou des rois Français nommés Louis. Non, cette fois, elle était dans un magasin pour acheter un cadeau à O'Connor, pour lui remonter le moral et de plus, la jeune femme était en compagnie de Simon.

La nouvelle rousse -oui, car elle l'était devenue depuis quelques temps déjà à la grande et douloureuse surprise de son agent- et le français devenaient de plus en plus inséparables. Sans doute parce qu'ils étaient souvent à donner des coups de pied au cul de Robb pour qu'il arrête de se laisser couler, et parce qu'elle le trouvait vraiment mignon. Il avait de la fraîcheur, de la gentillesse, de la spontanéité maladroite, le genre de choses qu'elle appréciait vraiment. Simon lui changeait de ces vieux pourris qu'elle avait longtemps côtoyés à Londres, et elle-même avait plus ou moins changé. Elle se souciait un peu moins des détails superficiels dans sa propre vie ou dans celle des autres, elle allait à l'essentiel. Si c'était déjà plus ou moins clair, Beth appréciait davantage la beauté intérieure des autres.

Quoi qu'il en soit, elle déambulait dans les galeries alors que Simon semblait scotché à un comic. Entrés dans un petit magasin d'équipement de moto, Beth cherchait LA perle rare pour contenter son ami dépressif -oui, autant dire les choses comme elles sont- et pour se payer une bonne petite après-midi avec son ami. Perdue du côté des casques, elle voulait en dénicher un aux teintes or et rouge car elle savait à quel point il vouait un véritable culte à Iron Man. Seulement, comme Simon l'avait rattrapée et interpellée, la comédienne se retourna vers lui et le gratifia de son plus joli sourire. "Mais oui, fais moi confiance, on va trouver ! Regarde-moi ces supers casques de moto, il va adorer ! Et si tu veux sortir avec moi, il suffit de le demander mon petit français. Allez hop, j'embarque celui..."

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un bruit de tôle était survenu au dessus de leur tête. Plus loin, un vigile était posté à la sortie et fut bientôt rejoint par d'autres gorilles entre chemise blanche et pantalon noir. Beth reposa le casque par réflexe, alors que Simon s’agrippait à son bras. Ça n'annonçait rien de bon et la comédienne était de ceux qui n'aimaient absolument pas la foudre. Seulement elle relativisa en se disant que ce n'était que le vent. Autant une tornade pouvait lui passer sur la tête qu'elle resterait zen, autant voir le moindre éclair ou entendre le tonnerre la ferait sursauter comme une gamine apeurée. Elle posa la main sur celle de Simon et la tapota gentiment. "Allez, allez, ça va aller, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête. Par contre je te propose de nous poser dans un coin, avant que les furies et les épileptiques ne se mettent à paniquer et à se demander comment nous faire cuire en se disant qu'ils resteront bloqués là un mois".

Elle l'emmena avec elle dans le hall de la galerie marchande et sourit au jeune homme qui était là. "Ca va aller ? Il ne faut pas paniquer, des tempête cette ville en a déjà connu, on sera plus en sécurité ici que dehors. Je vous conseille d'aller à la cafétéria et de vous poser ! Quant à nous..." Elle se tourna vers Simon. "Faisons un petit tour, marcher va t'aider à te détendre, d'accord ? Allez hop ! Par contre serre un peu moins fort mon bras, tu vas me laisser une marque...". Elle déposa un baiser sur sa joue, comme pour le rassurer. "Bon j'espère quand même qu'aucun orage ne va suivre, sinon ce sera à toi de me serrer fort dans tes bras...".

Le coup de foudre.

Aurait-elle dû relever ? Réagir ? Sans doute, sauf qu'elle ne pouvait pas. Pas qu'elle ne le voulait pas. Mais il lui avait littéralement cloué le bec. Qui aurait pensé qu'un cœur battant à toute allure pouvait faire autant de mal et de bien à la fois ? Bizarrement, la foudre lui paraissait moins effrayante vue comme cela, mais tout de même... Que devait-elle dire ? Ce qu'elle avait au fond d'elle. Mais qu'est-ce qu'elle avait au fond du cœur au juste ? Énormément d'affection et sans doute d'amour. Simon avait débarqué dans sa vie comme une brise fraîche et douce, qui avait bousculé le continent de Beth. Les mois passant, ils avaient appris à se connaître, avaient défendu la même cause -celle de leur ami commun-, avaient passé énormément de temps ensemble si ce n'est qu'ils commençaient à être inséparables. La comédienne ne pouvait plus faire sans Simon, mais de là à dire qu'elle en tombait amoureuse ? N'était-ce pas un peu exagéré, précipité ? Elle n'avait jamais vraiment ressenti une telle proximité avec quelqu'un, mais leur relation était si innocente qu'elle ne savait pas vraiment dire si ça mènerait un jour à quelque chose de plus... Intense. Seulement cette simple phrase prononcée par le français avait mis à mal ses convictions. Flattée et à la fois mal à l'aise, elle se contenta d'un sourire en se demandant si elle était capable de lui donner ce qu'il attendait peut-être. Et justement, l'attendait-il réellement ? Quel méli-mélo !

Tandis qu'ils marchaient à travers la galerie -autant pour calmer Simon, que pour la calmer elle-, Beth fixa les gens qui se posaient dans plusieurs coins du centre-commercial. La comédienne les trouva étonnamment calmes, comme si tout cela était naturel. Certes ils avaient l'habitude des grandes levées de vent, mais face à une énorme tempête ? Oui, ils réagissaient si bien ! Alors qu'au cœur de Londres, l'avait-elle appris, c'était la terreur. Inondations, bourrasques... Le gouvernement ne savait plus où donnait de la tête là où la Tamise l'avait perdue, pour la jolie métaphore. Pareil en France, les gens étaient dans le même cas là où d'autres inondations avaient déjà fait pas mal de dégâts, en 2004, 2005 ? Beth ne savait plus trop. Elle pensa à sa famille, puis à celle de Simon. Il tenta un brin d'humour, elle rit nerveusement. La tempête lui semble trop loin maintenant, là c'est lui qui occupe ses pensées. Encore un aveu, pour renforcer le premier. Nouveau sourire gêné, sincère. "Si je suis ta potion magique, tu es mon Saint Graal alors. Merci à toi.".

Pour appuyer ses propos, elle déposa un nouveau baiser sur la joue du français, en toute innocence. Elle avait trouvé quelqu'un de confiance en Simon, sans doute était venu le moment d'assumer tout ça. Mais l'anglaise avait encore en tête de laisser son ami venir à elle, c'est ainsi que ça fonctionnait dans sa tête. S'il était vraiment attaché à elle, s'il voulait vraiment être avec elle, il ferait sans doute un pas en avant. Elle l'espérait, après tout le temps passés ensemble, Beth sentait qu'il était en confiance avec elle. Enfin. C'était ce qu'elle voulait. Car après tout, elle ne le laisserait plus partir, son Simon. Le sien. "Restons ensemble, ce soir, devant un film, bien installés dans un grand canapé.". Car une discussion semblait s'imposer. Et même s'ils restaient ensemble le soir-même sans rien se dire, au moins elle serait avec lui. "Ça va mieux ? Tu vois que marcher tranquillement ça peut aider." dit-elle en le gratifiant d'un grand sourire. "Allez, mon petit Saint Graal, allons à la cafétéria nous poser, à moins que tu préfères qu'on reste seuls dans notre coin, moi ça ne me dérange absolument pas.". Au contraire. Ce devait être ça.

Le coup de foudre.

"J'imagine qu'on peut considérer Robb comme un dieu non ? Il serait affreux avec une barbe blanche, on va lui épargner ça !". Ou comment changer de sujet rapidement ! C'était mieux que de se lancer dans des tergiversations sur leurs sentiments respectifs qui n'auraient mené à rien d'autre que beaucoup de gêne. Enfin, c'est ce que Beth se disait, mais comment pouvait-elle savoir que ce serait réellement le cas ? Car plus elle avançait dans ces galeries marchandes, plus il lui venait l'envie d'aller se blottir dans les bras de Simon. C'était insensé, pas digne d'elle pour deux sous, pourtant elle en avait vraiment envie. Elle aimait aussi Star Wars, beaucoup, et la comédienne préférait encore se faire un marathon de tous les films -même celui animé pourri au possible- que de sombrer dans une comédie romantique niaiseuse au possible, où un couple met trois ans à s'avouer qu'ils s'aiment. L'hôpital qui se foutait de la charité quand on voyait où en étaient le français et l'anglaise. Huit mois passés ensemble, huit mois pour qu'ils daignent enfin ne serait-ce que se tenir la main. Un véritable euphémisme.

"Pas de comédie je t'en prie... Nous deux, on a pas besoin de ça.". Pas besoin de ça pour se rapprocher, pour se toucher, pour s'enlacer ? Sans doute. Beth était du genre à toujours venir vers l'autre, mais avec le français, c'était différent. Le véritable challenge était de le laisser venir. Or, il n'avait jamais fait de pas en avant. Pourtant elle se disait qu'à force de faire des sous-entendus et de lui faire du rentre-dedans, il finirait par se réveiller. La rousse avait l'impression que là, en cet instant, c'était le cas. Si lui-même faisait à présent des sous-entendus, alors sans doute qu'il avait ouvert une porte que Beth pouvait traverser. Elle offrit un grand sourire au brun quand il lui confia bien se ficher de l'endroit où ils se poseraient, tant qu'il était avec elle. C'était la même chose du côté de l'anglaise. "Aussi. Ça ira, puisque tu es là.". Elle s'approcha de lui, passa une main contre son col pour l'attirer vers elle.

Puis elle déposa un baiser contre les lèvres du français, furtivement, et sourit de plus belle, d'un air malicieux. "Allez hop, à la cafétéria !".