45 ans ∞ Kilkee ∞ Irlandaise ∞ Rédactrice en chef ∞ Célibataire ∞ Talun ∞ Cate Blanchett

Minuit sonne quand je me gare devant cette maison qui ne sera bientôt plus mienne. J’appuie ma tête contre le siège de ma voiture, fermant les yeux. Il n'y avait qu'un mot pour décrire le dîner que je venais de vivre... épuisant. Que c'était épuisant de serrer la main des membres de mon cabinet... Que c'était épuisant de faire la bise à des personnes dont je ne connais que le nom. Personnellement, je n'avais rien contre eux, mes fonctions me donnaient l'obligation de les rencontrer par le passé... Mais eux comme moi, savions que nous n'étions que des connaissances, des numéros que nous composons quand nous avons besoin d'une signature, d'une voix en plus. Je n'étais qu'un numéro de téléphone pour ces personnes, tout comme ils l'étaient pour moi. Que voulez-vous, ceci est la triste vérité: la politique est un monde de requin, nous nous dévorons entre nous, nous cherchons à crée des alliances... Enfin, pour certains ceci était un jeu, pour moi, ceci était un outil, celui qui me permettait d'aider les personnes qui m'ont élus. Non non je n'ai jamais été idéaliste, ou naïve... je suis juste vraie et je n'ai jamais eu peur de faire bouger les choses si celles-ci devaient l'être.

Et pourtant, la politique n'était pas mon premier amour, professionnel j'entends. Je rêvais de communiquer, de distribuer l'information, de lire, d'écrire. Dès mon enfance, je souhaitais devenir qu'une chose: journaliste. Ah mon enfance... j'y pense en ce moment, alors que je sors de ma voiture, pour approcher de la porte d'entrée de ma maison. Je suis née à Kilkee, cette belle ville dont tout le monde parle en ce moment. Je m'y sentais en sécurité, j'aimais cet endroit... Ma mère était une femme forte, comptable de formation, tandis que mon père lui était professeur de lettre au lycée. Je n'avais pas à me plaindre de ma vie, bien qu'elle n'était pas des plus simple par moment. Quelle vie est simple d'ailleurs ? Nous avons tous des problèmes, dont certains peuvent être plus importants que d'autres, c'est un fait. J'ai donc vécu une vie... normale, c'est le terme. Mon père m'avait offert son gout pour tout les genres de la littérature, mais ma curiosité, mon acharnement à comprendre des choses, faisait que suite ua lycée, je me dirigeais donc vers des études me permettant d'exercer le métier de journaliste. Cette époque fut vraiment la plus belle de toute ma vie, j'y rencontrais, par exemple, l'homme avec qui je me marierais quelques années plus tard.

J'étais maintenant dans ma chambre, quasiment vide, les cartons, tout comme les meubles étaient partis le jour même, il ne me restait plus que quelques sacs... Je retirais mes chaussures de soirée, puis faisait tomber ma robe, passant ma main sur mon ventre. Le mariage... voilà une bien belle erreur que j'avais fait, mais avant, parlons plutôt de mon entrée dans la politique. Cela s'est fait rapidement, alors que je cherchais du travail, j'ai approché un député, un membre du Dáil Éireann, une chambre du parlement irlandais. D'après quelques contacts que j'avais à l'université, il cherchait une personne dans son cabinet pour travailler en collaboration avec les journalistes. Certes, cela n'était pas mon plan de carrière, mais j'ai vu en cette offre d'emploi, une possibilité de comprendre un milieu que les journalistes étudient souvent. L'homme dont je vous parle m'a embauché suite à un long entretien, totalement sain je tiens à préciser, durant lequel j'ai exposé tous mes travaux lors de mes études, ainsi que mes motivations. Préparer des communiquer de presse, étudier les projets de loi du député pour en comprendre le sens, préparer des conférences de presse... Ce monde me plaisait, vraiment... et je me plaisais à croire que j'étais utile pour mon pays. Peu à peu, la politique devenait une passion plus importante que mon plan de carrière initial. Prise d'une véritable ambition, je commençais à travailler bien plus au cabinet, mais j'en oubliais mon mariage... Pendant des années, je travaillais, je faisais ce qui me plaisait, mais j'oubliais mon mari... Et je savais, je l'avais deviné, qu'il me remplaçait dès qu'il pouvait... Mais que pouvais-je dire ? Je me disais qu'il l'avait fait car je ne jouais pas correctement mon rôle d'épouse. Je ne faisais donc rien à ce sujet, jusqu'au jour ou je les découvris, en direct, dans le lit conjugale. Je venais d'être élue, pour la première fois, à un poste de député, j'avais remplacé celui qui m'avait ouvert les portes de la politique car cet homme avait décidé de prendre sa retraite. Ma réaction... avait été bien différente que la rage... Le silence avait été ma seule réaction... ainsi que le départ. Je ne pouvais m'en vouloir qu'à moi-même. Ceci était mon erreur.

Je me trouvais maintenant sous la douche à me rappeler de la suite de ma vie. J'étais une élue qui faisait parler d'elle, qui intervenait sur des sujets diverses, qui me liait avec des personnalités de tout genre. Bien entendu, mes démarches semblaient des fois... désespérées, ou vues par les citoyens d'un œil étrange. Je n'étais que député mais j'apparaissais tout aussi souvent que des membres du gouvernement irlandais. La lumière était mon univers et je le manipulais, je tentais de faire ce que je pouvais, avec les outils que j'avais appris à utiliser : ma voix, mes mots et les noms avec lesquels j'étais liée. Pourtant, dans ce monde de requin et dans ces soirées mondaines qui me recevaient par moment, je me trouvais quelques personnes dignes de confiance. Un secteur me fut rapidement... collé au visage, celui du divertissement et de la culture. Je militais pour l'accessibilité au théâtre, au musée, etc... Bref... je faisais ce pour quoi l'on m'avait élu : j'étais une femme politique. Un mandant dure cinq années, mon premier mandat me fut donné lors j'avais 30 ans. Deux mandats plus tard, mes 40 ans … La fin de ma vie passée.

Un événement douloureux... J'avais eu, une histoire d'amour, avec un homme, quelqu'un avec qui je ne me marierais jamais puisque je ne suis plus maintenant en contact avec lui et que j'ai perdu toute affection pour lui. La personne avec qui je me trouvais était quelqu'un qui travaillait à mes côtés, dans mon cabinet. Lors de cette relation, je reçu une nouvelle magnifique, celle que j'allais avoir un bébé. J'étais heureuse, bien qu'un stressée par deux choses : l'âge n'était-il pas trop et que dois-je faire pour le prochain mandat. Je me décidais à garder l'enfant, ce qui n'était pas vraiment concevable pour le père, qui s'éloigna alors de moi pour développer sa carrière autrement qu'en ayant un enfant dans les bras. Ma grossesse ne m'empêcha pas de devenir une nouvelle fois membre du Dáil Éireann et je continuais mes fonctions le plus loin possible. Jusqu'à ce jour. Un soir, après un repas interminable avec un autre membre de la chambre, je me dirigeais en direction de ma voiture. La nuit était déjà tombée depuis un bon moment. J'entrais dans mon véhicule, pour ensuite sortir du parking... Je ne me souviens plus maintenant de comment cela s'est produit, mais une voiture m'avait violemment percutée. Je fus transportée à l'hôpital, d'où j'ai reçu d'importants soins suite à cet accident. A mon réveil, l'on m'annonçait alors la nouvelle... Le fœtus n'avait pas survécut à l'accident. J'avais tout perdu... Et aucun mot au monde ne pouvait décrire la tristesse que je ressentais en ce moment, ainsi que la rage que j'éprouvais, envers moi. J'ai été stupide, j'avais commis une erreur, encore...

Mais que pouvais-je faire ? Le soutient de mes amis me permettait de ne pas faire de conneries. Mais j'avais mal, je m'en voulais. Je commençais alors une thérapie, ces séances et le soutient de mes amis me permirent de reprendre un travail différent à Dublin... Car oui, j'avais abandonné cette carrière politique que j'avais trop souvent fait passer avant mes proches et ma santé. Mes choix m'avaient menés à cette situation... je devais changer. Grâce à mon nom j'ai pu trouver une place dans un journal, peu connu, sous un nom d'emprunt. Je ne voulais pas, pour le moment, réapparaître... Trois années se sont écoulées depuis... trois années durant lesquelles je vivais, ou je survivais, avec cette situation. Je dois avouer que surmonter ceci fut très difficile et, encore maintenant, il m'arrive de penser à ce bébé que je n'aurais jamais... Il m'arrive, encore, de me détester, de pleurer, mais il fallait que je surmonte ceci. La meilleur façon était de quitter ce monde, de quitter Dublin, de retourner à mes premiers amours... ma ville et le journalisme, ainsi que la littérature. Voilà pourquoi j'ai pris la décision de déménager.

Et me voilà, maintenant, habillée simplement, à mettre les sacs dans la voiture, à fermer cette porte à clé... et à aller dans ma voiture, pour rouler, à nouveau, direction Kilkee. Je comptais être heureuse, surmonter ceci...

Cela fait maintenant un an que je suis dans cette ville, je ne me cache plus, la vie est plus simple et me voilà à faire les choses que je voulais faire, quand j'étais plus jeune . Je suis maintenant rédactrice en chef du journal de Kilkee, et j'aime ce que je fais...

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