Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder.

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L'Avalon Sunset m'attendait et Arthur aussi d'ailleurs. Plus tôt dans la journée, il m'avait envoyé un message pour me demander si j'étais libre pour boire un verre en sa compagnie. Bien entendu, j'avais accepté. J'appréciais Arthur et je n'étais jamais contre l'idée de sortir pour me changer les idées. L'air de rien, le métier de professeur c'était éprouvant, surtout avec certains élèves. Je lui avais donc promis de le rejoindre vers 20h à l'Avalon Sunset, endroit bien agréable pour passer un peu de temps devant un bon verre.

Après une douche rapide, j'enfilais une chemise, un jean et tout mon attirails à mes poignets et attrapais mes clés en passant avant de sortir. Le soleil brillait encore, même si on pouvait le voir commencer à décliner dans le ciel, le colorant peu à peu de rose et d'orangé, c'était vraiment un beau spectacle, j'adorais les couchés de soleil, je trouvais ça particulièrement joli à regarder, ça devait certainement être mon côté poète. Le centre-ville était bien animé, on pouvait voir que Kilkee était une ville – en parti – étudiante, tout ces jeunes gens qui se baladaient dans les rues s'étaient sympa, ça donnait de la vie. Jamais je n'aurais pu habité dans une ville où tout était fermé à 19h, c'était ça l'inconvénient d'avoir vécu dans des grandes villes, on s'y habituait rapidement et après c'était dur de changer ses habitudes.

Arrivé à l'Avalon, je fis signe au patron, qui commençait à bien me connaître maintenant, il fallait dire que c'était un peu notre QG ici, à Robb et moi, il n'était pas rare de nous y voir, quand nous étions sûr que des étudiants n'allaient pas venir envahir notre espace vital. La semaine, ça allait, ils avaient d'autres choses à faire, mais le week-end, ça devenait rapidement intenable. Aujourd'hui, c'était plutôt tranquille et je n'allais pas m'en plaindre, je n'avais pas envie de voir des gamines nous tourner autour pour nous demander ce que l'on faisais ici, comme si ce n'était pas évident.

J'allais m'installer tranquillement à une table, pas envie d'aller au bar cette fois, j'avais envie de profiter des confortables banquettes mises à notre disposition. Apparemment, Arthur n'était pas encore arrivé, j'étais peut-être un peu en avance finalement. Ce n'était pas si grave que ça, j'avais horreur d'être en retard, alors comme ça au moins, aucun souci à se faire. Le patron vint me saluer, prenant ma commande par la même occasion, une guiness, pour faire honneur au pays où je vivais. Elle ne fut pas longue à arriver. Arth n'étant pas là, je sortis un ouvrage de mon sac, un recueil de poésies française que je m'étais mis dans la tête de lire en attendant l'arrivé de mon ami. La lecture, c'était la plus seine des occupations.

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Ce livre était vraiment passionnant. J'adorais le français, je trouvais que c'était une langue qui se mariait très bien à la littérature, un peu comme le latin à la religion ou … l'italien aux chansons d'amour. C'était des associations qui fonctionnaient très bien. J'eus le temps de lire quelques pages avant qu'Arthur ne fasse son apparition. Il s'approcha et je lui adressais un sourire, content de le voir, je savais très bien qu'il allait venir, voilà pourquoi je ne m'étais pas inquiété. Mon collègue n'était pas du genre à poser de lapin à la dernière minute, il était bien trop poli pour cela.

Quand il arriva à ma hauteur, il s'excusa d'être arrivé en retard, je jetais un coup d’œil à ma montre pour m’apercevoir qu'il était 20h02, je lâchais un petit rire en voyant ça. M'avoir fait attendre, j'avais à peine eu le temps d'ouvrir mon livre, je n'avais même pas eu le temps de me dire qu'il était en retard. Puis il me fit un commentaire sur le livre que j'étais entrain de lire. Apparemment il l'avait déjà lu, un sourire aux lèvres je l'invitais à s'asseoir avant de lui répondre.

« Oh si, mon attente a été atrocement longue, je commençais à me demander si je n'allais pas mourir de vieillesse ici avant que tu n'arrives. » dis-je en riant «  Haha, ne t'inquiète pas tu n'as que deux minutes de décalage, je n’appellerais même pas ça un retard. Tu vois c'est ce que j'aime avec toi, Arthur, nous avons les même lectures. Robb pense que c'est ne perte de temps que de lire en français. »

J'attrapais mon verre et en bu une gorgé, quand je suis arrivé en Irlande, il m'avait fallut un petit moment avant de m'habituer au goût amère de leur bière locale, mais finalement j'avais fini par apprécier. Puis de la bière noire, je trouvais ça classe. Je reposais mon verre sur le sous-verre avant de regarder Arthur. Je n'avais aucune idée de ce qu'on allait pouvoir se dire, mais je me disais que ça allait venir naturellement, du moins je l'espérais, parce que je n'avais pas forcément envie de rester là, assis comme un imbécile à compter les secondes filer.

« Alors qu'est-ce que tu racontes, depuis la dernière fois que l'on s'est croisé ? »

Bon c'était ballot comme phrase, mais au moins ça entamé une conversation, je faisais avec ce que j'avais, à cette heure après une journée de travail, mon cerveau avait déjà commencé à tourner en mode économique.

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J'étais content de voir Arthur, c'était agréable de passer du temps avec lui, il était beaucoup plus calme que Robb et ça ne pouvait pas faire de mal d'avoir parfois quelqu'un vous servant de conscience. Je fis mine d'être outrer quand il me parla de ride. Du genre, quoi moi ? Des rides, non, jamais. Avant de me mettre à rire. Robb appréciait Rimbaud, le jour où ça arriverait, je serais capable de marcher sur la tête. Arthur parla d'Hugo. J'étais un grand fan des auteurs français. La littérature française, restait à mes yeux, la littérature la plus raffinée. Je ne me lassais pas de lire du Baudelaire ou du Zola. Je hochais la tête à son affirmation.

« Effectivement, j'ai eu la chance de le lire, mais je pense qu'Hugo, on accroche ou l'on accroche pas un peu comme Rousseau. Personnellement, j'ai beaucoup plus accroché au second qu'au premier. »

Parler de littérature, il n'y avait rien de tel pour passer le temps et Arthur était le partenaire idéal pour cela, car il ne s'intéressait pas qu'à l'histoire, il lisait beaucoup ce qui nous permettait d’alimenter constamment nos conversation. Cependant, il changea du tout au tout après ça, beaucoup moins à l'aise que quelques secondes auparavant. Je le regardais intrigué, me demandant ce qui avait bien pu lui arriver en si peu de temps.

« ça ne va pas ? » m'inquiétais-je.

Il ouvrit la bouche, m'avouant qu'il avait en me dire quelque chose, mais qu'il n'osait pas. Je lui offris un sourire bienveillant l'invitant à continuer. Je n'étais pas du genre à aller répéter sur tout les toits les confidences que l'on pouvait me faire. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel lorsqu'il me parla des rumeurs. Elles me suivaient partout celles-là, cette année les étudiantes avaient du être très imaginatives cette année pour que ces rumeurs arrivent à tant d'oreilles. Il se décida à parler, m'expliquant qu'il a une histoire avec l'une de ces élèves, quelque chose de sérieux apparemment.

J'eus un peu de mal à croire ce que je venais d'entendre. C'était plutôt déstabilisant d'entendre ça. En tant que professeur on se devait d'observer une certaine étique. On ne devait pas dépasser certaines limites, on ne devait pas s'approcher de trop près de nos élèves, aussi séduisantes pouvaient-elles être. C'était bien trop dangereux. On pouvait perdre notre travail à cause de ça et aussi toute crédibilité. Je passais une main sur mon visage en le regardant. Un petit sourire se dessina tout de même sur mon visage lorsqu'il me dit que c'était fantastique avec elle. J'étais tout de même content de voir que mon ami était heureux.

« Tu es bien sûr de ce que tu fais ? Je ne te ferais pas la moral, tu sais très bien comment je suis, mais je veux juste savoir si tu te rends bien compte de ce que tu risques si ça vient à s'ébruiter. Si tu me réponds que oui, tu aura tout mon soutient, mais réfléchis-y bien. »

Wulfric avait beau être sympa, il ne fallait peut-être pas trop tirer sur la corde. D'un autre côté, s'il savait ce qu'il risquait ce n'était pas à moi de l'arrêter. L'amour pouvait parfois pousser à faire des choses étranges et inconsidérés. J'avais quitté mon pays par amour, alors pourquoi pas risquer son travail. Arthur changea habillement de sujet en me demandant si j'avais des choses à lui raconter. Je pris le temps de réfléchir un petit peu avant de répondre.

« Une de mes étudiantes m'a demandé de l'aider pour son manuscrit, je ne fais jamais ça habituellement, je ne sais pas pourquoi j'ai accepté cette fois-ci. Je me demande si j'ai bien fait. Je n'ai pas besoin de te parler des rumeurs qui courent sur moi et sur mes activités avec mes élèves, j'ai peur que de passer du temps seul avec elle lui donne envie de faire courir d'autres rumeurs sur mon dos ou de faire une bêtises... »

Je ne connaissais pas Amalys si bien que cela et rien ne me disait qu'elle n'était pas aussi écervelée que ses amis. Si je voulais pouvoir l'aider pour son manuscrit j'allais devoir passer du temps en tête-à-tête avec elle et je ne pouvais pas prévoir ce qui allait se passer dans sa tête, elle pouvait très bien aller raconter des bêtises à ses amies pour se faire mousser et fini ma carrière. J'aurais du y réfléchir à deux fois avant d'accepter. Il était trop tard maintenant.

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Arthur commenta les œuvres de Rousseau, je ne pus qu'acquiescer, il n'avait pas tort sur ce coup-là rousseau avait été un très bon écrivain, certainement l'un des meilleurs de son époque, il avait touché à peu près à tout, mais parfois il avait abordé des sujets sur lesquels il aurait mieux fait de s'abstenir, comme celui de l'éducation par exemple.

« Tu n'as pas tort là-dessus, mais ce n'est pas le seul à avoir aborder des sujets qu'ils n'avaient pas à aborder. L'hypocrisie de l'écrivain. Voltaire, voltaire, j'apprécie le travail, mais beaucoup moins le personnage. Enfin ce n'est qu'un point de vue personnel. »

On changea de sujet et on aborda un sujet plutôt étonnant,il avait l'air sûr de lui et pourtant je pouvais lire une sorte de panique sur son visage. Je me mettais à sa place, ça ne devait pas être facile pour lui. Tomber amoureux de l'une de ses élèves ça devait être l'une des choses qui faisait le plus peur à un professeur. Nous n'étions pas censé se laisser aller à ce genre de choses, mais ce n'était pas toujours aussi facile. Ça ne m'était jamais arriver, mais je ne jugeais pas ceux à qui ça pouvait arriver. Ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait contrôler après tout. Je compatissais avec mon ami, mais je ne savais pas vraiment

«  Si tu sais ce que tu fais, fonce alors, l'amour est trop important pour qu'on le laisse passer. »

Je ne savais pas vraiment s'il fallait que je l'encourage, mais je savais ce qu'il avait vécu et j'aurais aimé qu'il retrouve l'amour, qu'il redevienne heureux, il le méritait. On parla ensuite de mon intention d'aider Amalys. D'après lui je pouvais lui faire confiance. Je n'étais pas sûr, c'était bizarre, avec toutes les rumeurs qui courraient sur moi j'aurais peut-être dû être plus prudent, je ne connaissais pas si bien cette Eoghan. Elle n'avait pas l'air de l'une de ces folles furieuses, mais parfois les apparences étaient parfois trompeuses. Enfin, je me disais que je pouvais faire confiance à Arthur c'était un très bon ami. Amalys n'allait bientôt plus être l'une de mes élèves, je n'avais donc plus à me poser de questions.

« Tu dois avoir raison, après tout on ne fait pas de mal, je l'aide juste à travailler sur son manuscrit. »

C'était vrai après tout, je n'avais rien à me reprocher, j'aidais juste une jeune femme à devenir écrivain, j'aurais aimé que quelqu'un soit là pour moi quand je m'étais décidé à en faire mon métier. Il me lança un nom pour savoir si c'était elle, je ne pus m'empêcher de sourire en pensant à la jeune femme, elle était vraiment motivée et passionné par ce qu'elle faisait, c'était vraiment agréable de travailler avec elle. Je hochais la tête, il avait tapé juste. D'ailleurs je me demandais comment il avait fait pour trouver du premier coup.

« C'est ça, bien joué. Tu l'as connais ? »

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Parler littérature devant une bonne bière, que demander de plus ? Surtout la littérature française, il était rare que je puisse en discuter, à part de temps à autre avec un élève, mais le niveau ne volait pas très haut. Alors quand j'avais l'occasion de me retrouver devant Arthur et sa culture, j'étais aux anges. Voltaire et son déni, c'était légendaire, enfin c'était rependu à l'époque de tout cacher, l'époque des intrigants.

« Ce n'était pas le seul, on peut au moins lui concéder ça, puis même s'il cachait un peu tout et n'importe quoi, son talent, lui n'était pas caché. »

Et au moins, lui ne le gâchait pas pour des bêtises, mais ça je me retiens de lui dire, il ne comprendrait certainement pas. Il m'arrive parfois de relire un grand classique et de me dire que je fais vraiment n'importe quoi. Je ne me compare pas à Voltaire, bien entendu, mais je ne pense pas être totalement nul non plus et pourtant, ce fichu blocage m'empêche d'écrire quoique ce soit, je n'ai rien à nier, alors je ne peux pas jeter la pierre à Voltaire.

Bien entendu, la conversation ne pouvait pas rester dans l'agréable, il fallait qu'elle dérive. Enfin, ce n'était pas non plus de la torture, mais c'était un sujet plutôt sensible, mais bon, on ne pouvait pas l'éviter à chaque fois, après tout les amis ça servaient aussi à ça. En réalité, Arthur et moi, nous étions un peu dan le même pétrin, à différent niveau. Car chez moi, ce n'était que des rumeurs, alors qu'Arthur a totalement plongé. On avait pas de chances on dirait. Ce n'est pas facile tout les jours d'être professeurs à l'université.

Il m'explique comment il l'a rencontré. Apparemment, il était tombé sur elle alors qu'il était sur la plage. Malgré moi, un petit sourire se dessina sur mon visage à l'idée d'une Amalys courant sur la plage après son marque-page. Je peux voir qu'Arthur essaye de me rassurer et limite de me vendre Ama. Ça me fait sourire davantage.

« Je sais qu'elle est sympathique, mais elles ne sont pas toutes comme ça à la fac, si tu vois ce que je veux dire. »

En fait, j'aurais même pu dire qu'Amalys était vraiment adorable, du genre avec qui on aime passer du temps. Mais ça, je me retiens bien de lui dire. Je me contente de sourire et termine ma bière. Arthur n'a vraiment pas l'air d'être dans son assiette, mais je ne veux pas vraiment enfoncer le couteau dans la plaie, alors je n'ose pas lui en parler, il ne faut pas oublier que nous sommes des hommes et aussi idiot soit-il des fois on préfère garder nos problèmes pour nous, c'est beaucoup plus facile à gérer comme ça il parait.

Arthur m'invite à boire un autre verre, pourquoi pas rien de mieux que la bière pour oublier les aléas de la vie. Je hoche la tête, bien content qu'il le propose. Je n'ai rien contre parler de June ou d'Amalys, mais si je peux l'éviter, je le fais.

« Avec grand plaisir, surtout si c'est toi qui invite. » dis-je en riant.

La conversation allait à coup sur se détendre, on avait abordé les sujets sensibles, maintenant on ne pouvait que parler de choses beaucoup plus légères.